Focus sur Bugatti, Éloge de l’élitisme
La petite robe noire est une icône dans l’histoire de la mode. Créée par Coco Chanel dans les années 1920, cette étoffe sobre et discrète est éternelle. Soumises à toutes les déviations, toutes les dérivations, la petite robe noire est devenue un parfum chez Guerlain…
On ne peut s’empêcher d’y penser en découvrant la dernière création de Bugatti baptisée en toute simplicité « La Voiture Noire ». Elle se veut l’héritière d’une élégance bien française…
Lors d’une conférence de presse donnée en mars dernier, l’actuel président de Bugatti, Stephan Winkelmann a revendiqué la francité de sa marque. Une belle abnégation quand on sait le parcours très international de Bugatti : il ne faut pas oublier qu’Ettore Bugatti était italien, plus exactement lombard, et qu’il ne prit la nationalité française que peu de temps avant sa mort en 1947. Il faut aussi rappeler que la marque Bugatti est née en 1909 quand l’Alsace était encore allemande… Elle est revenue dans un groupe germanique en 1998, en l’occurrence Volkswagen.
Quand à Stephan Winkelmann, il est le citoyen allemand le plus italien pour avoir dirigé longtemps Lamborghini, pour sa maîtrise de la langue d’Umberto Ecco et pour ses costumes parfaitement coupés chez Zegna.
Dévoilée dans le cadre du Salon de l’Automobile de Genève en mars dernier, La Voiture Noire a été créée à l’occasion du cent-dixième anniversaire de la naissance de la marque Bugatti. Par la même occasion, Bugatti a lancé une série de vingt exemplaires de la Chiron Sport qui multiplie les clins d’œil au terroir français en dispensant quelques touches tricolores dans son design intérieur…
« La Voiture Noire » rend hommage à la légendaire Bugatti Type 57 SC Atlantic dont il ne fut produit que quatre exemplaires. D’après le communiqué officiel de Bugatti, « ce modèle [qui] produit en un exemplaire unique a déjà été vendu à 11 millions d’euros, ce qui en fait désormais la voiture la plus chère au monde ».
Avec « La Voiture Noire », la firme alsacienne confirme que l’une des missions des entreprises dévolues à la production de supercars est non seulement de proposer des séries très limitées, mais aussi de créer des exemplaires uniques pour des clients exigeants.
C’est le cas de La Voiture Noire, mais l’identité de l’heureux bénéficiaire (et commanditaire) de La voiture Noire n’a pas été officiellement divulguée.
La Voiture Noire est établie sur la même base mécanique que la Chiron et elle en reprend par conséquent son moteur seize-cylindres de huit litres de cylindrée développant 1 500 chevaux !
Le style extérieur a été entièrement repensé et ne doit plus rien à celui de la Chiron. Le profil s’avère beaucoup plus élancé avec un capot allongé et un traitement plus subtil. Le motif latéral, un violent arc de cercle sur la Chiron, est ici adouci et se transforme en un superbe mouvement enveloppant le vitrage pour se fondre avec une ceinture de caisse nette et structurante.
En souvenir des Atlantic, une nervure médiane parcourt toute la caisse, mais La Voiture Noire ne s’abandonne à aucune évocation nostalgique. L’esprit de l’Atlantic est restitué par la rigueur de l’ensemble, accentuée par le choix d’une laque noire. Malheureusement, dans le cadre du Salon de l’Automobile de Genève, polluée par une multitude d’éclairage parasites, il était difficile de percevoir la beauté de la machine.
Il n’en serait pas de même aux Invalides… La pertinence des lignes, le traitement des volumes, la gestion des ombres et des lumières, tout cela serait mis en valeur à l’ombre du dôme des Invalides où règne une lumière pure et naturelle. Croisons les doigts pour espérer sa venue en février 2020 !